Deuxièmes doses de vaccin

Le Québec en marche vers son objectif

L’administration des deuxièmes doses de vaccin contre la COVID-19 s’accélère de plus en plus au Québec. Pour la première fois, la province vient de dépasser le rythme nécessaire pour atteindre son objectif de pleinement vacciner 75 % des 12 ans et plus d’ici la fin de l’été.

Depuis mercredi, la majorité des vaccins administrés au Québec sont des deuxièmes doses. Et jeudi, pour la première fois, la province a dépassé la cadence quotidienne des 59 000 deuxièmes doses, rythme nécessaire à maintenir pour les 80 prochains jours afin d’atteindre l’objectif fixé au 31 août. En effet, 61 810 personnes ont reçu jeudi leur deuxième dose.

Vendredi, le premier ministre François Legault a d’ailleurs profité de son bilan de fin de session parlementaire pour inviter les Québécois à ne pas oublier de recevoir leur deuxième dose cet été. « Il faut se rappeler qu’il nous reste une grande mission pour l’été : d’aller chercher sa deuxième dose de vaccin pour être pleinement protégé, puis être certain que l’été qui vient soit l’été des rapprochements », a-t-il souligné.

Les principaux vaccins utilisés au Québec – Pfizer, Moderna et AstraZeneca – nécessitent deux doses pour être pleinement efficaces. À ce jour, 5,7 millions de Québécois ont reçu au moins une dose, soit 66,9 % de la population. Mais du nombre, seulement 761 000 en ont reçu deux, soit 8,9 %.

En incluant les gens ayant eu la COVID-19 et reçu une dose, seulement 10,9 % des Québécois – soit 12,4 % des 12 ans et plus – sont actuellement considérés comme « adéquatement vaccinés ».

Les défis de la deuxième dose

La campagne de vaccination des deuxièmes doses comporte des défis importants, affirme le DAndré Veillette, professeur à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. « Le premier, c’est que la majorité des gens comprennent l’importance de la deuxième dose. Avec les messages gouvernementaux qui ont beaucoup misé sur la première dose dans les derniers mois, il y a peut-être des gens qui ont gardé en tête qu’une dose, c’est suffisant », explique-t-il.

« Même parmi ceux qui comprennent l’importance de la deuxième dose, il y a peut-être des gens qui ne voudraient pas avoir leur deuxième dose, s’ils ont eu des effets secondaires plus importants, par exemple. Les gens ne veulent pas de complications, ils peuvent en avoir peur. C’est aussi un enjeu important », poursuit l’expert, qui est membre du Groupe de travail sur la vaccination du gouvernement fédéral.

Le DMatthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif, est du même avis. « L’été, les gens ont des plans, veulent voyager, sortir de la ville. Je comprends, surtout avec l’année qu’on vient d’avoir, mais il ne faut pas que ça nuise à la vaccination », dit-il

« Il faut protéger notre progrès, et aller chercher cette deuxième dose pour tous ceux et celles autour de nous qui ne le peuvent pas. »

— Le DMatthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif

« Partout au Canada, on vaccine encore à un très bon rythme, et ça inclut la deuxième dose. Ça se passe bien. Maintenant, si on veut se positionner vers une sortie de crise, et donner de la stabilité à nos écoles, nos entreprises, ça prend la deuxième dose. C’est là toute son importance », insiste le Dr Oughton.

Montréal veut accueillir des touristes

Pendant ce temps, la mairesse de Montréal a soutenu vendredi qu’elle aimerait beaucoup voir les frontières internationales du Canada commencer à rouvrir alors que la situation sanitaire s’améliore de façon continue.

« C’est évident : la réouverture des frontières, je vois ça d’un œil très positif », a dit Valérie Plante vendredi, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). « On est en train de remplir toutes les cases », avec la vaccination, l’essor d’un passeport vaccinal et le nombre de cas en baisse.

Dans son allocution, la mairesse a souligné à plusieurs reprises que « Montréal va bien », mais a reconnu que le secteur de l’hôtellerie et, plus largement, du tourisme était encore à plat.

« Si on avait des touristes, c’est sûr que ça viendrait donner un coup de main incroyable à ces secteurs [de l’hôtellerie et du tourisme]. Pour ma part, il y a toujours ce désir de rouvrir quand la situation le permet. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

La situation épidémiologique s’améliore d’ailleurs à Montréal. La métropole affiche 2,9 nouveaux cas pour 100 000 habitants, en baisse de 35 % depuis une semaine. Lundi, le gouvernement abaissera les mesures d’urgence au niveau jaune pour la métropole, comme la majorité des régions.

Un bilan stable

Les 180 nouveaux cas rapportés vendredi portent la moyenne quotidienne à 185. Cela représente une baisse de 37 % sur une semaine. Avec un décès supplémentaire rapporté vendredi, survenu à Montréal, la moyenne quotidienne se maintient à trois. La tendance est en légère baisse par rapport à la semaine dernière.

On a observé une baisse de sept hospitalisations, ce qui porte le total de patients toujours hospitalisés en lien avec le virus à 244. De ce nombre, 59 se trouvent toujours aux soins intensifs, une baisse de 5.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé vendredi que le Québec recevrait 600 000 doses du vaccin de Moderna la semaine prochaine et 900 000 autres la semaine du 21 juin. « Ces livraisons permettront aux gens qui ont eu Moderna de devancer leur rendez-vous et à ceux qui ont eu AstraZeneca de changer s’ils le souhaitent », a-t-il dit.

— Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Vaccin de Johnson & Johnson

Le Canada ne distribuera pas les doses reçues des États-Unis

Le Canada ne distribuera pas les quelque 300 000 doses du vaccin de Johnson & Johnson (Janssen) reçues à la fin du mois d’avril, citant des « préoccupations » liées à une substance médicamenteuse qui a été utilisée lors du processus de fabrication dans une usine du Maryland. « En raison de préoccupations soulevées au sujet d’une substance médicamenteuse mise au point à l’installation d’Emergent BioSolutions, à Baltimore, au Maryland, Santé Canada ne distribuera pas les stocks reçus afin de protéger la santé et la sécurité des Canadiens », a-t-on annoncé dans un communiqué. On y précise « qu’un lot de vaccins a été contaminé par des composantes d’un autre vaccin » (celui d’AstraZeneca). Ainsi, Santé Canada n’a pu conclure que les doses du vaccin Janssen « respectent les normes élevées de qualité du ministère ». Les autorités sanitaires canadiennes prévoient une inspection dans l’usine du Maryland à l’été. L’annonce est survenue quelques heures après que la Food and Drug Administration (FDA), aux États-Unis, a ordonné à la pharmaceutique de mettre à la poubelle 60 millions de doses de ce vaccin qui ont été produites à au Maryland, car elles pourraient « avoir été contaminées », selon ce qu’a rapporté le New York Times.

— Mélanie Marquis, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.